VICTOR SOLF

Taratata
2018 : « Nights in white satin » avec Hollysiz (The Moody Blues)
2018 : “Let’s stay together” avec Jacob Banks
2018 : « Five Minutes », « Georgia on my mind » avec Yorina

Ses grandes dates

1990 : Naissance à Düsseldorf

2007 : Il forme avec Simon Carpentier, Vincent Bessy, Leronard Bertin et Guillaume Halbique le groupe The Popopopops.

2013 : Ils sortent leur premier album « Swell ».

2015 : Simon et Victor fondent Her.

2016 : Ils sortent leur premier maxi, « Her Tape #1 », dont le titre « Five Minutes » illustrera une pub pour Apple.

2017 : Simon meurt à 27 ans d'un cancer contre lequel il luttait depuis plusieurs années.

2018 : Her sort son premier album éponyme.

2020 : Victor sort son premier EP solo « Aftermath ».

Actualité

Le 30 avril, il a sorti son premier album solo « Still. There’s hope »

« Cet album, c’est de l’espoir, de l’altruisme, de l’amour, tout ce que m’a légué Simon. Mais le processus a été long. J’ai expérimenté beaucoup, ramé, ramé… J’ai réussi à sortir de moi un titre sur Simon, Are You Still Here. Il ne figure nulle part, je n’aimais pas son énergie. Mais il m’a aidé à sortir mes émotions et à dénouer un nœud. J’ai ensuite travaillé avec Yann Tiersen sur l’île d’Ouessant, mais son projet était trop acoustique, trop radical pour moi. J’ai essayé aussi avec des super guitaristes et un jour, Woodkid, m’a dit très honnêtement : Je me fais chier en écoutant. Tu essayes tant bien que mal à continuer ce que tu faisais avec Simon et ça ne marche pas. Explore autre chose. Je l’ai écouté et Traffic Lights est venu. J’avais l’équilibre du piano mélancolique, des chœurs soul et de cette électro que j’aime distiller. Woodkid m’a dit ne touche plus à rien. J’étais sur la bonne voie ».

Victor a trouvé son salut dans la solitude et le dénuement, pendant le premier confinement. « Je me suis retrouvé dans une maison de famille dans le nord Finistère, avec un piano blues désaccordé, pas d’Internet et pas d’ordinateur. Les balades à la plage et la nature ont eu une grande influence sur l’album, mais j’ai eu quelques semaines de stress. C’était basique, le piano, la voix, une routine journalière. J’étais tellement angoissé par le contexte, il me fallait une heure pour me détendre. J’ai besoin d’être dans un état de joie pour apprécier ce que je fais. De 9 heures à 10 heures, j’écoutais des disques, le dernier Radiohead, Yann Tiersen, Max Richter, Erlend Oye, Kings of Convenience. De 10 heures à 13 heures et de 14 heures à 23 heures, je bossais. Le soir, mon manager, qui est ma femme, venait me dire si c’était bien. »

Pour concocter cet opus, Victor Solf s’est concentré sur trois ingrédients primordiaux : le piano, les harmonies vocales de la soul, et une touche d’électro. La recette parfaite pour composer ses chansons. « Quand je suis sur mon piano, j’essaye surtout de me détendre, de me laisser aller. Je m’imagine souvent dans une pièce qui serait dans l’obscurité totale, à priori assez froide. Ensuite, lorsque je commence à me détendre, à jouer du piano et à chanter, il y a des lumières qui s’allument et la pièce se réchauffe. » (parismatch.com)

« Dans un premier temps, ma manière d’écrire et de composer était assez anarchique. Je ne me suis pas fixé de concept avant l’écriture. La seule contrainte que je m’étais fixé était de faire un album personnel parce que je le sors sous mon nom, je n’ai plus de pseudonyme, je me mets vraiment à nu et il fallait que ça se ressente dans les paroles. » (ladistilleriemusicale.fr)

« Je parle de mon rapport au deuil de Simon dans le titre Fight For Love. J’ai mis beaucoup de temps à accepter que Simon ne reviendrait pas. Pendant des années, je l’imaginais rentrer par une porte et dire « Hey salut, tout ça n’était qu’une mauvaise blague. » et je n’aurai pas été étonné. J’ai écrit ce titre comme un mantra, une gymnastique intellectuelle. Dans le refrain, je dis « mes pleurs, ma colère, la propre peur de ma mort, notre musique ne te ramèneront pas ». La maladie d’un proche renvoie à la fragilité de sa propre vie. Je termine cette chanson en disant que je continuerai de me battre pour être heureux et chercher le bonheur et l’amour. L’espoir et l’amour sont très liés et sont des thèmes très riches : l’amour des autres, l’amour de soi-même et la confiance en soi que j’aborde dans I Don’t Fit. Je parle aussi de mon fils sur Comet. Sur Hapiness, je me questionne sur ce qui me rend heureux. » (ladistilleriemusicale.fr)

« Le titre ‘’Traffic Lights’’ est vraiment la colonne vertébrale de ce projet. Ce titre réunit vraiment tout ce que j’avais envie de faire : à la fois de l’électro, de la musique moderne et actuelle mais aussi beaucoup de soul et de gospel qui s’expriment par des harmonies de voix. J’aime beaucoup harmoniser ma voix, comme s’il y avait beaucoup de personnes qui chantaient avec moi. Il y a aussi le piano avec des influences de Yann Tiersen, Max Richter, Eric Satie. » (ladistilleriemusicale.fr)

L’album est très solaire tant dans les sonorités que dans les thèmes et les titres des chansons que tu as choisis. C’était une vraie volonté de ta part d’apporter cette dose d’optimisme ?
« C’est ce dont j’avais besoin et je pense que les gens ont aussi besoin d’avoir une musique qui se rapproche de la quiétude et de la bienveillance qui est aussi un grand thème de l’album. Dans Trouble Behind, je parle de ces moments où on se pose en fermant les yeux ou en levant la tête pour être dans le moment présent. On vit dans un monde tellement violent où on est dans des polarités très extrêmes où il faut choisir un camp en permanence. Il n’y a plus de place pour la nuance, la tolérance, la bienveillance et l’écoute. Quand on donne du temps et de l’énergie aux autres, on reçoit tellement en retour. On s’exprime en permanence, on prend rarement le temps d’écouter les autres et de se taire. Call Your Grandma évoque cela. »
Le titre « New Normal » est particulier pour Victor. Ce piano-voix aborde la « nouvelle normalité », l’idée de sortir du système et de sortir du schéma attendu par la société. « Je trouvais que le diamant brut qu’il y avait eu dans la création de la composition était tellement touchante, que je ne voulais absolument pas mettre d’arrangements. Le texte me fait penser à certains de mes proches, et c’était très dur pour moi du coup, j’étais très très ému. Et en plus, elle est technique tout simplement. Il y a beaucoup de passages en voix de tête, il y a très peu de mots… il fallait que je réussisse à peser chacun de mes mots. » (parismatch.com)

Au fil des morceaux, on constate un réel apprentissage dans ta façon de te servir de ta voix.
« Dans Her, j’avais ce rôle de chanter à plein poumons, d’exagérer, d’être vraiment dans la soul. Et avec mon projet solo, j’ai essayé d’explorer ce qu’il pouvait y avoir de fragile dans ma voix, en allant moins dans la technique et ce qu’il y a d’impressionnant même si c’est bon dans la soul. C’est quelque chose que j’adore quand j’écoute Ray Charles, Otis Redding, Sam Cooke, etc. Il y a des moments où tu es vraiment impressionné par ce qu’ils sont capables de faire. C’était difficile pour moi au début car on est moins dans le contrôle pour le coup. » (danstafaceb.com)

« L’album s’appelle Still. There’s Hope. Je me suis vraiment posé cette question. En 2020/2021, est-il encore possible d’avoir de l’espoir ? Est-ce que j’ai encore de l’espoir ? Est-ce que je crois encore en l’avenir ? Est-ce que je me sens encore humaniste ? Still. There’s Hope. n’est pas facile, surtout actuellement où on est globalement très stressés, angoissés et inquiets de l’avenir, mais quand tu réussis à vivre des bons moments, il faut appuyer sur le bouton pause, respirer et profiter. C’est comme ce que dit John Lennon dans Imagine « You may say I’m a dreamer ». Je sais qu’il y a un truc un peu candide, utopiste mais en réalité c’est difficile de pardonner, de se pardonner soi-même, de donner plus que de recevoir. Ces grands concepts autour de l’amour et de l’espoir ont toujours été difficiles. C’est beaucoup plus facile d’être dans la haine que de prendre quelqu’un qu’on n’aime pas dans ses bras. »

Qu’est-ce qui te donne de l’espoir ?
« Beaucoup de choses. Je suis parti d’un spectre très intime pour en tirer des réflexions sur l’humanité. La première chose qui me vient en tête, c’est mon fils auquel je fais allusion sur Comet. Il s’appelle Côme. Quand tu as la chance de voir un enfant grandir, qui apprend tellement de choses au quotidien, je trouve que tu peux être difficilement fataliste et te dire que l’Homme est fichu. Tu ne peux pas. L’être humain apprend tellement, dès les premiers pas, et c’est tellement dur. Il est capable de changer. Tu te dis que l’Homme peut y arriver, mais que certaines choses prennent plus de temps. Je pense tout de suite à l’écologie. On se dit que l’on n’y arrivera jamais, mais ça prend beaucoup de temps. À la fin de l’album, je me suis demandé ce qui reliait les morceaux entre eux. C’est mon regard sur l’Homme, l’espoir et l’amour. » (artymag.com)

14/10 à Alençon, 15/10 à Lorient, 22/10 à Saint-Malo, 30/10 à Nîmes, 12/11 à Cholet, 19/11 à Nancy, 4/12 à Annecy


BIOGRAPHIE

1990

Victor Solf est né à Düsseldorf en Allemagne en 1990, d’un père allemand et d’une mère française. « J’ai grandi entre Paris et l'Allemagne. Mon père est lui-même musicien. Il me faisait écouter beaucoup de musique, c’était CAN, Franck Zappa. Beaucoup de blues aussi, c’était un grand fan. Et ma maman, elle venait plus de l’univers classique, donc c’est elle qui m’a poussé à faire du piano. Du coup, c'est arrivé quand j’avais une dizaine d’années. Je faisais beaucoup de piano classique et j’ai rencontré un professeur de blues qui m’a initié à toutes les méthodes d’improvisation. » (lesinrocks.com, 2015)

2007

Il rencontre Simon Carpentier à lycée Emile Zola de Rennes. Ils forment le groupe The Popopopops, avec Vincent Bessy, Leonard Bertin et Guillaume Halbique. Simon est à la basse et au chant – il passera plus tard à la guitare – et Victor aux claviers et au chant. (lemonde.fr, 2017)

2013

The Popopopos sortent leur premier album « Swell », entre pop électro et influence des groupes new wave des années 1980. (lemonde.fr, 2017)

2015

Victor et Simon forment le groupe Her. « Her est né de notre relation au sein des Popopopops. Au fil des années, on s’est retrouvés tous les deux à être vraiment les moteurs du groupe. Du coup, il y a eu deux ans de transition, on a rencontré d’autres musiciens et on a débuté Her. On a attendu d’avoir une vingtaine de titres aboutis et une vraie direction artistique – les costumes, etc. – pour se lancer en 2015. » (lunion.fr)

« On avait décidé de trouver le nom du groupe après notre phase d’écriture et de création. On s’est donc retrouvés avec une trentaine de titres, de démos ou de titres plus aboutis, et quand on les a comparés, on s’est rendus compte que le thème de la féminité, de la sensualité revenait beaucoup. » (lunion.fr)

« Her, c’est avant tout, toutes les femmes qui nous inspirent. Ça évoque aussi la sensualité qu’on essaye de mettre dans nos chansons, parce qu’on est très proche de la soul music. Le thème de la féminité nous touche beaucoup, on aime beaucoup ce nom. » (cocy.fr)

Ils fondent leur propre label, FAM Records, et s’entourent de leur ingénieur du son, Michael Declerck, qui les accompagne en studio comme sur scène depuis leurs débuts. « Dans Her, tout est une histoire de cœur associant des personnes qui restent avant tout de grands idéalistes. J’espère que cette intimité-là se ressent autant dans nos disques qu’en concert. » (Dp, 2018)

2016

Leur premier maxi, « Her Tape #1 », dévoile leurs thèmes de prédilection (la féminité, la sensualité, l’amour charnel). « On s’appelle Her. On fait une musique très sensuelle. Oui, on est beaucoup inspiré par les femmes car on les aime beaucoup. Moi je suis particulièrement inspiré par une femme, ma femme. "Union" parle d'ailleurs de mon mariage. Et Her parle du manque, quand j’étais beaucoup en tournée avec The Popopopops, elle me manquait beaucoup. Simon parle plus de ses expériences, de passions et de coups de foudre. Quite Like parle du fantasme, de la rencontre d’un soir. Ensuite on rêve de retrouver l’autre, de le recroiser dans un bar. Five Minutes, c'est cette nouvelle rencontre, ce coup de foudre. On a construit cette première Tape comme une histoire. On a fait un truc vraiment très personnel. » (lesinrocks.com, 2015)

« Nous parlons beaucoup de féminité. C’est important pour nous, mais cela va au-delà de la femme : la féminité chez l’homme nous intéresse aussi. C’est évidemment le sujet de notre premier EP.» (lesinrocks.com)

Sur l'interlude de votre Tape #1, on entend un homme réciter un texte en allemand (puis une femme lire le poème Sensation de Rimbaud). De quoi ça parle ?
« C’est un morceau classique que j’ai écrit au piano pour ma femme. Et en fait, le texte est un discours que mon père n’a pas réussi à lire pendant notre mariage par ce qu’il était trop ému. C’est mon père (qui est allemand) qui parle. C'est un discours sur l’amour écrit par Saint Paul (la première lettre de l’apôtre aux Corinthiens - Chapitre 13). » (lesinrocks.com, 2015)

Pharrell Williams diffuse « Quite Like » sur la radio Internet Beats 1, et le titre phare de Her, « Five Minutes », devient un hit underground international. Au point que la marque Apple choisit ce tube au gimmick imparable et au refrain addictif pour une publicité mondiale. (Dp, 2018)

Ils font une tournée américaine. « On était hyper contents, jouer aux États-Unis, c’était un peu le rêve ultime. On adore la culture américaine… mais il n’y a aucun rejet de la culture française, on essaie de faire un mariage entre les deux. » (lunion.fr)

Sur scène, Her reprend « A change is gonna come » de Sam Cooke. « On l'a beaucoup joué en live du côté des Etats-Unis parce que tout le monde connait les paroles là-bas, elle va beaucoup plus loin qu'une histoire de couleur de peau, elle a transcendé ce contexte. Surtout, il y avait une envie de rendre hommage à un pan de l'histoire de la culture américaine, aux mecs comme Otis Redding, Al Green et Shuggie Otis qui nous ont donné envie d'être musiciens. Simon et moi étions en formation classique lors de notre jeunesse, et on était à peu de choses près d'arrêter la musique parce que c'était trop strict pour nous, on manquait de maturité pour se rendre compte que évidemment le classique est fondamental. C'est là que nos parents respectifs nous ont renvoyé vers des formations blues, jazz et soul. On ne se connaissait pas, on était encore au collège, mais pour nous deux ça a été la même révélation : on a découvert le plaisir d'improviser sur les instruments. Et niveau voix, j'ai travaillé celle de Sam Cooke durant des années ! Je voulais m'en imprégner. » (greenroom.fr)

Leur image est dès le départ très pensée, des costumes tirés à quatre épingles sur scène aux pochettes et aux clips. « Nous avons toujours été très soucieux de notre image, de ce qu'elle pouvait véhiculer. Nous nous sommes énormément impliqués dans le choix de la pochette et dans l'écriture du premier clip. On voulait vraiment arriver avec un projet complet. Pour ce qui est des costumes, notre musique étant élégante et très léchée on ne s'imaginait pas débarquer sur scène en t-shirts comme avec les Popopopops. C'est aussi un clin d'œil à la soul et aux grands artistes comme Marvin Gaye, les Temptations ou James Brown, qui étaient extrêmement bien habillés sur scène. » (culturebox.francetvinfo.fr)

2017

Le duo est choisi comme ambassadeur la campagne HeForShe de l’Onu, qui défend l’égalité des sexes. « Nous sommes très heureux d’être les ambassadeurs pour la campagne HeForShe en France. A travers Her, nous avons toujours voulu honorer les femmes. Et en participant à cette campagne, nous pouvons aller au-delà des mots, nous pouvons agir pour les femmes. Nous ferons de notre mieux pour être dignes de cette responsabilité. » (loyto.fr)

« L'égalité hommes-femmes a l'air facile mais c'est un principe qui n'est toujours pas appliqué aujourd'hui en France et dans plein de domaines. Je considère dès lors comme un devoir des hommes de se revendiquer clairement féministes. Ayant été élevé par ma mère, ma grand-mère et ma tante (je n'ai connu mon père qu'à l'âge de 8 ans), et ayant de surcroit trois sœurs (et une épouse ndlr), j'ai une relation très personnelle avec les femmes. Je suis d'autant plus fier de m'appeler Her et heureux de faire partie de la campagne He for She de l'Onu Femmes. » (culturebox.francetvinfo.fr)

« Je n'ai aucune gêne à me dire féministe, un combat qui devrait simplement balayer des clichés de ce qu'on devrait attendre d'un homme et d'une femme. Pour moi être féministe, c'est aussi ne pas juger un homme qui préfère s'occuper des enfants plutôt que d’aller travailler. Etre féministe, c'est être moderne. Il faut qu'on arrête avec la définition très extrême de ce combat, celle du pouvoir pour les femmes ou de l'abolition de la société patriarcale. Tous ces grands thèmes...ce n'est pas ma conception du féminisme. » (greenroom.fr)

Ils sortent un deuxième maxi, « Her Tape #2 », avec les titres « Blossom Roses », « Queens » et « Swim ». (DP, 2018)

Le 13 août, Simon meurt à 27 ans d'un cancer contre lequel il luttait depuis plusieurs années. Mais Her ne s'arrête pas pour autant : Victor Solf a annoncé sur Facebook le maintien des concerts de leur tournée, ainsi que le bouclage de leur premier album. «Ensemble nous nous sommes fait une promesse. La promesse de continuer coûte que coûte cette magnifique aventure. C'est aujourd'hui son héritage que je porte en moi et c'est ma volonté ainsi que celle de toute l'équipe de Her de continuer à emmener notre musique le plus loin possible.» (leparisien.fr)

2018

Her sort son premier album éponyme. « Tous les titres ont été composés à quatre mains, comme on l’a toujours fait avec Simon. Ce disque est le fruit de notre travail en duo. » (DP, 2018)

« Depuis la création de Her, nous avons toujours espéré faire la passerelle entre le hip hop, la soul, l’electro et la pop. Nous sommes autant influencés par Kendrick Lamar, Frank Ocean, Chance The Rapper que par Otis Redding, Marvin Gaye, Shuggie Otis, Radiohead, James Blake ou Nick Cave. » (DP, 2018)

Parmi les chansons marquantes, Icarus est un splendide hommage à Simon, écrit par Victor. « Bien que malade, Simon ne s’est jamais plaint. Sa force continue de m’inspirer autant dans la manière de concevoir la vie que dans mon approche de la musique. C’est d’ailleurs l’unique titre de l’album que j’ai terminé sans qu’il puisse y travailler. » (DP, 2018)

« ‘’You're still a part of me/Just on the other side’’. Je me disais : c'est pas grave, son enveloppe charnelle n'est plus là, mais tu peux travailler sur sa voix tous les jours, travailler sur sa guitare tous les jours, ça ne dépend que de toi de faire les choses. Je me suis même acheté une guitare pour essayer de me mettre à sa place, et aujourd'hui encore je m'efforce de continuer à réfléchir pour deux. Je me demande régulièrement, « qu'est-ce qu'il aurait fait à ma place ? ». (greenroom.fr)

Sur « On & On », s’invitent les voix de l’Allemand Henning May, le chanteur d’AnnenMayKantereit (groupe culte outre-Rhin), et du jeune rappeur belge Roméo Elvis. « C'est le dernier titre que moi et Simon avions commencé à travailler ensemble. Il n'a malheureusement pas pu y participer énormément. Sur la toute fin de la réalisation du disque, sur le fil, je me suis souvenu de cette envie qu'on partageait de voir Her faire le liant entre pop, soul et hip-hop. Donc j'ai contacté des rappeurs que Simon aimait beaucoup et Roméo Elvis a été le premier à répondre présent. Il a débarqué au studio Saint-Germain en plein cœur de Paris. En deux heures c'était fini. Facile. Un mec vraiment top en plus. » (greenroom.fr)

« L’idée de collaborer avec d’autres gens, de se laisser aller, de surprendre. Beaucoup de mes fans ne s’attendaient pas à ce que l’on fasse quelque chose en français avec un rappeur. C’est ça qui me plaît, c’est de taper là où on ne nous attend pas. Mais pas de rester dans mes acquis, dans ma zone de confiance. Notre ancien groupe avait un nom qui rendait hommage à NTM, il y a toujours eu un truc dans le rap français qui nous influençait. Avec Simon, on s’est toujours dit que ce serait cool de casser les familles musicales. Les groupes de pop sont toujours entre eux mais en hip-hop ils sortent des collaborations que tu n’aurais jamais imaginées. » (magazineantidote.com)

Le thème du morceau illustre les dérives des réseaux sociaux. « Je n'ai ni Facebook ni Instagram sur mon portable. Depuis quelques mois surtout, avec l'exposition médiatique, je suis devenu plus radical dessus. Pour un artiste, cette idée de perpétuelle comparaison avec les autres sur le niveau de likes où les plus petits te font mousser et les plus gros te font “bader”, ça me gêne. Surtout que t'es obligé de jouer le jeu à cause de cette triste réalité : les organisateurs de festival calculent ta possible audience et l'offre qu'ils vont te faire selon ton nombre d'abonnés sur les réseaux. Le pire, c'est que c'est souvent juste ! » (greenroom.fr)

Le morceau d'ouverture « We Choose » est la première chanson qu’ils ont composé ensemble avec Simon. « ‘’We choose’’ est le premier titre que nous avons composé après les Popopopops, le soir même de la rupture, quand notre batteur nous a prévenus par Skype qu'il arrêtait. C'était vraiment à l'image de notre détermination à Simon et moi. Nous avions réalisé que tout dépend de nous et de personne d'autre, rien ne sert de blâmer les autres si ça ne marche pas. "We Choose" dit "Je crois que je peux tout faire" et "Nous choisissons la façon dont les gens vont se rappeler de nous." Cette première phrase de "We Choose" résume toute notre démarche. A l'époque nous évoquions notre ancien groupe mais aujourd'hui ça s'applique à ce que je vis. Je veux garder la main sur notre musique, rien ni personne ne pourra m'en empêcher. C'est vital pour moi après le sentiment d'injustice et d'impuissance ressenti concernant Simon. Il avait 27 ans, il s'est battu jusqu'au bout. Mon rôle dans tout ça c'est d'exposer notre travail commun. Je le ressens maintenant de façon très puissante, aussi bien sur scène qu'en studio. C'est très douloureux, très beau aussi. » (culturebox.francetvinfo.fr)

« Quand on était en tournée aux Etats-Unis, on a assisté à l’élection de Trump et on est revenu très en colère. On a écrit ‘’Swim’’, un titre dur, pessimiste, puis on s’est dit qu’il fallait plutôt s’adresser à ceux qui pouvaient avoir notre réaction, l’agressivité, pour transformer cette haine en lutte plus positive. Nous vivons dans une période de troubles marquée par la violence renouvelée, la régression sociale et la montée de l’extrémisme. Nous voulons transmettre un message positif et encourager les gens à faire preuve de tolérance » (tsugi.fr)

« Dans ‘’Neighborhood’’, j’évoque un sujet qui m’est cher, le rapport aux frontières et les divisions entre individus alors qu’on pourrait être ensemble. Ça parle autant de la Corée du Nord et de la Palestine que de nos voisins de palier. » (tsugi.fr)

Au contraire d'autres albums au sous-texte macabre, le disque dégage un sentiment d'espoir...
« Quand on vit avec la maladie, que notre quotidien c'est d'aller régulièrement à l'institut Curie, on a ni envie de se plaindre, ni envie de parler de mort. Au contraire, on a envie de parler de la beauté d'être en vie, de faire de la musique, de faire l'amour. L'âme de Her est là, se porter dans la lumière de la vie. C'est ce qui a permis à Simon d'avoir de la force et de tenir si longtemps. Ca lui faisait tellement de bien, ça lui apportait tellement de bonheur. » (greenroom.fr)

Sur les concerts qui ont suivi le décès de Simon, il a été remplacé par un musicien américain...
« Je n'aime pas ce terme de « remplacé ». Simon est irremplaçable. Avec Her, on a simplement cette volonté que tout soit joué live, il fallait donc quelqu'un pour faire les parties de guitare et de clavier. Her reste un duo, et mon travail aujourd'hui se concentre uniquement sur le respect de l'image de ce duo, c'est pour ça que je veux sortir cet album et partir en tournée. » (greenroom.fr)

« La quête de notre musique était comme une quête d'identité. Nous voulions nous trouver en tant qu'artistes. Ce rêve nous a soudés. J'admirais sa rigueur, sa vision et son engagement. Il admirait mon aisance, notamment sur scène. Cette admiration mutuelle nous a tirés vers le haut. Dans cette relation nous cultivions une parité totale, nous écrivions tout à quatre mains. Dès que l'un de nous s'envolait, par exemple quand Simon a écrit beaucoup plus que moi, il m'a dit on ne doit pas avancer comme ça et m'a demandé d'écrire davantage. Je lui ai demandé la même chose lorsque je me suis mis à composer plus. Mais évidemment, comme toute relation intense et exclusive, c'était aussi très conflictuel. Nous nous disputions souvent mais c'était toujours porteur de quelque chose de constructif, qui nous faisait réfléchir et progresser. Dans Her il nous a toujours été impossible de tricher, de ne pas être sincères. C'était presque comme une religion, nous mettions tellement notre musique sur un piédestal ! C'était une part de nous-mêmes et cela devait rester pur. » (culturebox.francetvinfo.fr)

L’album comporte le tube de « Five Minutes » qui a en effet été propulsé par la pub Apple, comment est-ce que tu mesures l’influence du spot sur votre carrière aujourd’hui ?
« Ça a vraiment changé complètement la donne. C’était comme un alignement d’étoiles. On avait gagné le prix Deezer Adami, c’est un succès d’estime et tu as aussi un peu d’argent. Sur un coup de tête, on s’est dit qu’on allait utiliser tout l’argent pour partir aux États-Unis. Aller à New York et organiser un showcase. On avait calé le voyage un mois après, et dans la foulée, la pub Apple a été validée et elle est sortie. On est arrivés à NYC, on a joué au Standard Hotel et c’était magnifique. Par la suite, on a aussi eu plein de rendez-vous labels. On s’est rendus compte assez vite que grâce à cette pub, on pouvait monter notre propre structure. Et c’est ce qu’on a fait. Aujourd’hui on a notre label qui s’appelle Femme Records, en distribution et en promo chez Universal. C’est notre label. L’album, on l’a fait exactement comme on voulait. C’est beaucoup de travail en plus mais ça nous donne une liberté. Pour un artiste, être libre, c’est ce qu’il y a de plus important, ce qu’il y a de plus précieux. » (magazineantidote.com)

Tu dédies à Simon le dernier morceau de l’album qui est « For Him », est-ce que l’océan dont tu parles est une métaphore de la musique ?
« C’est plus large que ça. C’est plutôt en référence à la grande aventure qu’est la vie. C’est vrai qu’on est très influencés par l’eau, sûrement parce qu’on est Bretons. L’eau a une grande importance pour nous. C’est drôle car hier, j’ai encore écrit sur ça. » (magazineantidote.com)

2020

Victor sort son premier EP solo « Aftermath ».

Sur cet EP, tu sembles plus fragile que dans Her, où tu faisais entendre une voix puissante. C’est volontaire ?
« Oui complètement. Ce que j’ai essayé de faire, c’est avoir plus de dynamique sur ma voix, plus de nuances. Parce que maintenant je suis seul, et c’est à moi d’assumer. Donc il y a des moments où je chante en étant beaucoup plus fragile, beaucoup plus doux, et d’autres où j’explose complètement, où je chante comme mes idoles soul, Otis Redding, ou Marvin Gaye. » (maze.fr)
Cette voix particulière, comment tu la gères ? Est-ce que tu la considères comme un instrument ?
« Oui c’est vraiment un instrument à part entière. J’ai appris à la contrôler, à la comprendre, et j’apprends encore tous les jours, j’en découvre toujours un petit plus sur ma voix. Ensuite, je fonctionne beaucoup en fonction des textes : qu’est-ce que je veux dire ? Comment je veux le dire ? Parce qu’il y a mille façons de dire « I love you », par exemple, et qu’en fonction de la manière de le dire, ça va changer complètement le sens de la phrase. C’est un travail que j’essaye de faire quotidiennement, réussir à bien peser mes mots, pour faire comprendre le message contenu dans mes textes. » (maze.fr)

La chanson « Hero » a quelque chose de très cinématographique cette chanson, le refrain pourrait même être l’ouverture d’un James Bond…
« C’est le Graal ! J’adore la musique et l’image, et avoir ta musique dans James Bond, c’est vraiment le Graal… On pense tout de suite à Jack White (Another Way To Die, dans Quantum of Solace), à Adele (Skyfall), ou même le titre de Radiohead qui n’a pas été retenu pour Spectre, qui est incroyable. »

Tes visuels, tes clips, l’image que tu mets avec ta musique dans quelle mesure c’est important pour toi ?
« C’est très très important parce que c’est un moyen de faire comprendre ma musique. J’ai travaillé avec le portraitiste Richard Dumas, qui fait des photos à l’argentique, et aussi avec Regular, qui est le graphiste de Nekfeu, et Lomepal. Et ce qu’ils ont fait, c’est des illustrations de mon travail. Même si c’est quelque chose de poétique, que je ne crie pas sur les toits, je trouve qu’à travers les images les gens peuvent le ressentir. Et j’y pense tout le temps. Ce que j’ai appris ces derniers temps, c’est de parler de l’image qui m’y fait penser… C’est à segmenter les choses, à me dire qu’il y a un temps pour tout. Parce que comme beaucoup d’artistes je pense, j’ai souvent eu tendance à vouloir tout faire en même temps. J’ai appris avec le temps que vraiment, il y a un temps pour faire de la musique, et ne penser qu’à ça. Et la seule priorité quand je fais de la musique, c’est que ça me donne des frissons, que je sois transporté. Et c’est très difficile. Plus j’écris, plus je compose, plus je deviens exigeant, et donc plus c’est difficile. Et donc une fois que l’EP a été masterisé, terminé, je me suis demandé ce qu’on pouvait faire comme image. Et maintenant que l’EP est sorti, avec sa pochette, je réfléchis au clip. Chaque chose en son temps ! » (maze.fr)


MUSIQUE

Influences et goûts musicaux

Quel a été votre premier choc musical ?
« Un classique du blues, BB King ou Memphis Slim. C’est là, à 12 ans, que j’ai découvert que j’aimais le piano au lieu de juste en jouer. J’avais été longtemps frustré par la musique, je travaillais beaucoup le classique mais sans plaisir, sans jamais me perdre dans mon instrument, sans prendre de hauteur. A 15 ans, j’ai commencé à composer, à me découvrir, à apprendre grâce à la musique. » (lesinrocks.com, 2017)

« J’aime autant Nina Simone que James Blake, le génial Curtis Harding et FKA Twigs, Elton John et cette mise en danger constante de la part Kanye West.» (rollingstone.com, 2020)

« Quand j’écoute un titre de Justin Timberlake, ça me bluffe d’entendre qu’il a tenté des choses différentes alors que ça reste de la variété. C’est aussi le cas de Kendrick Lamar, Kanye West ou Frank Ocean. Ces types me bouleversent parce qu’ils arrivent à me surprendre, à alimenter mon imagination et à me faire dire que le champ des possibles est énorme. Comme en Angleterre, avec des groupes comme Radiohead. L’intro de leur dernier album est fabuleuse: seulement des cordes et une boîte à rythmes. » (tsugi.fr)

Quelle serait ton featuring de rêve ?
« Si tu travailles avec quelqu’un de trop gros que tu admires trop, je ne suis pas sûr que ça fonctionne. Ce que j’ai appris avec Simon, c’est que c’est dans la confrontation que tu te stimules vraiment. Si je me retrouve nez à nez avec Frank Ocean, je ne suis pas sûr qu’il y ait une confrontation…. Si je devais choisir, ce serait quand même Frank Ocean, Thom Yorke, Solange, j’adore aussi le mec de Dirty Projectors. » (magazineantidote.com)


PERSONNEL

« J’adore cuisiner, c’est un rare moment où j’arrive à penser à autre chose que la musique, qui m’obsède. Je dis parfois que si Her ne marchait pas, j’ouvrirai un petit restaurant. Mais je n’oublie pas la leçon de mon professeur de blues : “attention, Victor : faire de la musique par passion ou par métier, ce n’est pas la même chose”… Quand nous sommes dans notre studio de la région de Dinard, isolés de tout, je fais la cuisine pour le groupe avec les petits moyens du bord : blanquette, rougail… Il y a une recette qu’on laisse mariner longtemps, à base de saumon, de courgettes, d’ail et de tagliatelle. Ça marine en fonction de la composition de la musique : c’est la chanson qui influence le plat, qui peut attendre parfois jusqu’à 3h du matin. » (lesinrocks.com, 2017)

DISCOGRAPHIE

2018 : Her
2021 : Still. There’s hope

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